Retour post AVC, reprise de ma vie
Je n'aurais pas penser revenir un jour sur les pages de mon blog, mais cette envie d'écrire, de poster m'y a ramenée et j'en suis très heureuse. Je ne sais pas combien d'entre vous seront encore là, cela fait si longtemps. En parallèle, je continue à publier sur Instagram, mais le contenu est plus succint qu'ici. J'avis envie de parler de ce qui m'est arrivé, de cette horrible chose qui m'est tombée dessus ce 14 octobre 2017. J'étais partie depuis fin septembre dans les Deux-Sèvres, commencer une nouvelle vie en rejoignant mon compagnon. J'étais alors très fatiguée après le déménagement, les soucis personnels et puis cet après-midi là, j'ai décidé de ramasser les feuilles du noyer au jardin. J'ai eu soudain les jambes comme du coton, j'ai du m'asseoir et arrêter. Le soir, j'ai eu des troubles de la vision. Sur l'écran de la télé, seul le centre de l'image était net, le contour était tout flou. Et la même chose se passait où que je regarde. J'ai mis ça sur le compte de la fatigue. Au petit matin, vers 5h, j'ai voulu me lever pour aller à la salle de bains, mais pas moyen de me lever, ni même de me mettre assise u bord du lit... Mon compagnon a vite réalisé que j'étais en train de faire un Avc. Ensuite, les pompiers sont arrivés et le plus étonnant, c'est que je ne réalisais pas ce qui m'arrivait. Les pompiers me demandaient de lever les deux bras, je levais juste le droit apparemment, mais j'étais persuadée de lever les deux. Plus tard, à l'hôpital, verdict : avc à cause d'un dédoublement de la paroi de la carothide avec hémiplégie côté gauche. Je reviens de loin et j'ai eu de la chance. Par contre, le fameux délai de 4 heures était dépassé et j'aurais des séquelles.
Aucun trouble cognitif, "juste" des troubles moteurs. Incapable de marcher, de bouger mon bras gauche, à part l'épaule. Oui, je pouvais hausser l'épaule gauche... La rééducation a commencé aussitôt. Lorsque le kiné m'a demandé de me lever du fauteuil roulant entre les deux barres parallèles, je me suis demandé si cela n'était pas une blague. Ma jambe droite donnait l'exemple et la gauche suivait. On m'a mis une orthèse au pied gauche qui allait m'aider à relever mon pied pour la marche. J'ai pu avancer en me tenant du côté droit. Mon bras gauche était en écharpe. J'étais tellement contente de pouvoir me tenir debout et d'avancer. Il fallait que je m'appuie et mon côté droit valide m'a bien aidée, c'est vrai. Puis l'intervention d'une ergothérapeute qui m'a appris à m'habiller et me déshabiller avec une seule main. Essayez de mettre vos chaussettes ou même votre soutien-gorge avec une main... la galère. Remonter un pantalon, boutonner un gilet. Avec le temps, j'y suis parvenue. Oui, le temps, il faut le laisser passer et avec beaucoup de travail, de persévérance, de confiance en soi, les résultats arrivent. Marche avec un tripode, puis une canne. Mais toujours ces doigts inertes. L'auriculaire a été le premier à bouger, suivi du pouce. Mais les autres... Trois mois à l'hôpital de jour, à travailler, à pleurer aussi, à me demander pourquoi. C'est difficile de ne pas se retrouver, se reconnaître. Et surtout se poser plein de questions sur l'avenir. Et ma couture ? Comment coudre sans les mains ? C'était juste horrible. Avec acharnement, j'ai travaillé ces doigts, avec la thérapie du miroir, tromper le cerveau pour lui faire croire que le reflet inversé de la main droite était la main gauche. Et mentaliser, m'imaginer en train de faire des choses manuelles que j'aimais : coudre, rempoter des plantes, pendre le linge au grand air... Et a force, mes doigts ont bougé, ma main, mon poignet, mon coude. Tout. Aujourd'hui, je suis encore un peu raide, mais je continue de travailler, les séances de kiné. Et j'ai repris la couture. La toute première petite chose que j'ai confectionné fut un petit sachet rempli de lavande que j'ai offert à mon chéri. Maintenant, avec mes progrès, j'ai pu refaire des coussins, des cantonnières à festons, un plaid, une trousse zippée. Et je ne me décourage pas. J'arriverai petit à petit à refaire des choses plus minutieuses.
En mai 2019, j'ai subi une ténotomie du tendon d'Achille gauche, opération qui consiste à gratter le tendon pour l'allonger afin d'améliorer la marche. Chez moi, le déroulé du pied gauche ne se faisait pas et je posais mon pied à plat, d'où la nécessité de marcher aec une orthèse, ou sans, mais difficilement. L'opération a réussi, mais le fait de rester 45 jours dans le plâtre a fait fondre tous mes muscles : mollet, cuisse, ischio. Alors je marche un peu en boitant car c'est ma pauvre jambe droite qui supporte tout.Me remuscler va prendre du temps, mais je vais réussir. Je suis tenace et surtout j'ai le soutien de ma famille, mon chéri et mes enfants.
Voilà ma petite histoire. Je voulais sensibiliser les gens a l'Avc, aux conséquences, pour soi mais aussi pour l'entourage. Et j'espère que vous serez là pour me suivre et lorsque j'en referai, accueillir mes petites créas avec bienveillance. Car j'ai besoin de vous pour continuer.
Alors je vous dis à bientôt et merci de m'avoir lue.
